Une petite cuillère dans une jolie tasse à thé,
Une maisonnette douillette et apprêtée,
Voici ce qui comblait de joie Toinette.
Son quotidien inchangé la tenait guillerette.
Chaque chose était rangée à sa place ;
Chaque tâche était planifiée tel un oracle.
Tout était parfait dans le meilleur des mondes.
L'incongru était rayé de sa faconde.
Bien sûr, elle admettait que, parfois,
Son coeur lui soufflait quelques émois,
Comme s'il était pris puis cadenassé, bâillonné,
Rendu muet par ces bras baissés.
Mais, non, non et re-non : elle était enfin arrivée
A tout classer, tout étiqueter, tout organiser
Pour ne plus avoir à gérer ses soubresauts
Qui la tétanisaient de peur et de maux.
Ce n'était pas pour replonger à nouveau
Dans les affres de choix sidéraux
Qui ne lui offraient aucunement stabilité,
Prévision à long terme et tranquillité !
Toinette ne le savait pas, mais le coeur
A bien des moyens de communiquer avec ses frères et soeurs :
Toc, toc, toc ! Mais qui frappe à la porte ?
Ce sont les expropriateurs qui exhortent !
Adieu, maison et ordinaire figé,
Bonjour l'inconnu et les terreurs défrichées !
Passés la stupeur, la colère, l'abattement et les pleurs,
Vint le temps d'accueillir ce que lui dictait son coeur.
N'ayant plus rien à perdre, Toinette prit son baluchon
Et hop, la voici partie par vaux et par monts,
Pour dénicher le coin idéal de sa future retraite
Qui correspondait à son être profond, sans se compromettre.
Dois-je vous préciser que notre amie trouva son éden ?
Quand on écoute son âme, sincèrement, l'existence est sereine.
L'écrin ne fait pas le bonheur factice d'une personne :
C'est le joyau qu'elle représente qui convient en somme.
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