jeudi 28 mai 2015

En chantant...

Dans une bicoque nichée au cœur d'un vallon abandonné
Vivait une vieille dame avachie et sèche comme les blés d'été.
Point d'étincelles dans son regard peu amène ;
Seul un désert aride et sec, qui faisait peine.

Oh, elle ne permettait pas qu'on la plaigne,
Bien au contraire : pour elle, c'était grâce à cette haine
Qu'elle avait jusqu'à présent réussi à tenir sa maisonnée
Et que rien ni personne, de cette situation, pourrait l'en déloger.

Une fois, elle avait osé ouvrir son cœur et déroger
A la règle fondamentale que son père avait institué :
"Montrer son Amour à l'Autre, c'est lui remettre les rênes
De ton existence et ainsi te soumettre à son règne !"

Elle se souvient de ce jeune homme, qui la faisait se sentir reine
Sous son regard de braise et ses doigts sans gêne.
Pour ses mauvaises manières, celui-ci fut chassé
Par son père, ayant eu vent de ce qui se tramait, outragé.

Bien des années ont passé, et enterrant ses regrets
Elle décida de vivre loin de ces âmes damnées.
Son père avait raison : elle caparaçonnerait de chaînes
Cet organe si faible pour le clore de façon pérenne.

C'est sur son lit de mort que son Papa, blême,
Lui avoua que c'est lui qui avait demandé au jeune reître
D'avoir des gestes irrespectueux et déplacés
Pour que sa fille, des hommes, puisse en être dégoûtée.

Loin de la délivrer de cette affliction dirigée,
Cela la conforta dans l'idée
Que vraiment, des hommes, la coupe était pleine,
Non pas d'Amour mais bien de haine !

Sauf que voici qu'un beau jour, sous un chêne,
Elle trouva un pinson à la recherche de graines,
Qui avait dû se laisser surprendre par un ennemi caché
Et pour le coup avait une aile cassée.

Le croirez-vous ? Les chaînes de la vieille furent brisées
Car le nom de l'oiseau était le surnom que lui avait donné
Ce jeune prétendant qui lui trouvait une voix de suzeraine,
Claire, douce, mélodieuse pour une fredaine.

Ce souvenir, chaud, magnifique à son cœur de porcelaine
Pulsa et vibra d'une force inhumaine.
Ses yeux purent enfin voir le Monde et sa beauté
Qui jusqu'alors lui avait été cachée.

Elle prit soin de l'oiseau avec bonté
Puis le relâcha quand lui revint la santé.
Celui-ci chanta chaque matin pour sa souveraine
Ses trilles d'Amour tel un poème...

http://www.wikitrad.org/Page/Le_pinson_chante



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